Pluie et brouillard. Non, ce n’est pas une nouvelle chanson de Jean Ferrat, mais bien le menu que la météo m’a réservé pour mon arrivée mouvementée en Ontario.
A la sortie de Montebello, j’ai trouvé un « casse-croute » comme ils les appellent ici, où j’ai pu commander des toasts et un café pour mon déjeuner. Car ici, ils parlent comme nous : le déjeuner le matin, le dîner à midi et le souper le soir. Mais j’ai tellement l’habitude de parler du petit-déjeuner quand je suis à l’étranger, que je me suis déjà fait avoir plus d’une fois. Par contre, pour les chiffres, on oublie les septante, huitante et nonante. Non, pour ça, c’est comme en France.
Bon, revenons à mon départ de ce matin. J’ai donc pris la route en direction d’Ottawa, mais en faisant un petit détour de quelques kilomètres (j’ai l’habitude maintenant) afin d’aller rendre une petite visite à quelqu’un de ma famille. Plus précisément à une personne de ma belle-famille. Un monsieur que je ne connais pas et qui d’ailleurs, ne me connais pas non plus. Le frère du grand-papa de mon épouse.
Pour la petite histoire, Louis, puisque c’est son nom, a quitté la Suisse pour le Canada il y a une quarantaine d’années. Depuis, il entretient une correspondance occasionnelle avec son frère, par l’intermédiaire de quelques lettres.
Me trouvant dans sa région, j’ai pensé qu’il serait dommage de ne pas aller lui dire bonjour et lui transmettre les salutations de son frère, qu’il n’a pas revu depuis 23 ans.
Je me suis donc rendu dans le petit village d’Alfred, où selon mes informations, il était censé habiter. Le problème, c’est que je ne connaissais pas son adresse exacte, ni son téléphone. Et il n’est pas dans l’annuaire, ni sur internet. Mais celles et ceux qui me connaissent bien le savent, dès que j’ai une idée en tête, difficile de me faire changer d’avis. Et finalement, après quelques recherches qui seraient trop longues à expliquer ici, j’ai fini par le retrouver, dans une maison de retraite.
Après un bref échange, lui expliquant qui je suis, d’où je viens et pourquoi je suis là, nous avons pu entamer la discussion. C’était formidable. Dire que cela fait près de vingt ans que j’entends parler de « l’oncle Louis du Canada », et il était là, juste devant moi. Incroyable.
Tout à coup, je me suis mis à imaginer l’éventualité d’une mise en relation vidéo entre le Canada et la Suisse, via mon smartphone. Ni une ni deux, j’en ai parlé au principal intéressé, puis aux responsables de la maison de retraite. Tout le monde était enchanté. Mais il me fallait un réseau wifi. « Pas de problème, on t’organise ça », m’a-t-on répondu.
Un coup de fil à mon épouse pour l’en informer et lui demander d’aller rejoindre son grand-papa, et le tour était joué. Voilà que Louis et Florian, qui s’étaient rencontrés pour la dernière fois en 1995, discutent en direct par écrans interposés. Un grand moment d’émotion pour tout le monde.
C’est avec un sentiment de profonde légèreté que je suis reparti de « La Pension du Bonheur » (quel joli nom) pour continuer mon voyage en direction de la capitale, Ottawa. J’étais tellement bien que même la pluie était devenue insignifiante.
La région que j’ai parcouru aujourd’hui tranche considérablement avec ce que j’avais vu jusqu’à maintenant. Un terrain plat, rempli de cultures à perte de vue. Des champs de terre labourés, du maïs, des vaches et des fermes un peu partout.
Quelques kilomètres plus tard, j’ai rejoint l’autoroute me menant vers ma prochaine étape. Idéalement, j’avais l’intention de réserver deux nuits à Ottawa, histoire de pouvoir profiter d’une journée entière sur place.
J’avoue que j’ai quelque peu angoissé à l’idée de me retrouver dans cette grande ville de près d’un million d’habitants, au volant de ma voiture, par une forte pluie qui plus est. J’ai donc garé mon véhicule dans une zone industrielle à l’entrée de la ville, pour pouvoir éplucher les sites internet des hôtels de la région.
Et c’est là que je me suis rendu compte qu’on ne visite pas Ottawa à l’improviste, sans réservation préalable. Tous les hôtels du centre-ville étaient complets (sauf ceux à partir de 300 francs la nuit). J’ai donc élargi le champ de recherche à la périphérie. Même constat. J’ai tenté d’élargir encore à toute la banlieue autour de la ville, mais rien. Hôtels, gîtes, bed and breakfasts, auberges de jeunesses, motels, tout est complet.
Au final, après m’être retrouvé au beau milieu du centre-ville par erreur en pleine heure de pointe (aaaaaaah!), j’ai fini par en sortir et me suis dirigé vers la ville de Gatineau, au nord d’Ottawa, où j’ai réussi à trouver un hôtel assez bien et pas trop cher.
Il m’aura donc fallu presque trois heures à Ottawa pour trouver un hôtel, en tenant compte de mon escapade au centre-ville et des bouchons qui ont suivi pour en ressortir.
De ce que j’ai pu en voir, c’est une jolie ville avec de magnifiques bâtiments. Mais je pense qu’il sera préférable, demain, d’utiliser les transports en commun pour me déplacer dans cette fourmilière…