Laponie – Jour 13 : Première journée sur Senja

La tempête a visiblement fait rage toute la nuit. Et selon l’office météorologique norvégien, cela va continuer, voire s’empirer ces prochaines heures.

Un niveau 10 sur l’échelle de Beaufort était attendu pour aujourd’hui, avec des rafales pouvant atteindre localement les 120 km/h.

Je ne m’étais jamais documenté sur cette échelle dont les niveaux de danger portent des noms tous plus encourageants les uns que les autres.
Celui annoncé pour aujourd’hui, par exemple, se nomme « Tempête » (je confirme, il porte bien son nom). Puis vient ensuite « Violente tempête » avec le niveau 11, avant de passer à « Ouragan », 12^ème et dernier niveau.

Bon, ce sont surtout des échelles utilisées pour la navigation. Sur la terre ferme, ce sont plutôt les rafales qui sont mesurées en km/h ou, comme ici, en mètres par secondes.

Mais tout cela ne m’a pas empêché de partir à la découverte de Senja, île de plus de 1’500 km², sur les routes longeant les fjords, puis prenant un peu de hauteur dans les montagnes, ou encore à travers les tunnels sombres laissés à l’état brut après la creuse, parfois longs de plusieurs kilomètres.

Les conditions ne semblaient donc pas favorables aujourd’hui. Et pourtant, j’ai adoré cette journée au grand air et n’ai pas hésité à sortir régulièrement de la voiture pour affronter la neige, la grêle, la pluie, les embruns et les fortes rafales. J’ai même eu droit à un coup de tonnerre et une tempête de sable.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que c’était très vivifiant !

A un moment donné, j’ai emprunté une petite passerelle en bois menant à une jolie page au bord d’un fjord. Le vent était tellement fort qu’il m’a été impossible d’atteindre la plage.
J’ai dû m’agripper avec les deux mains à la rambarde de la passerelle pour ne pas me retrouver par terre. Il m’était impossible de tenir debout, ni même d’avancer. C’était vraiment très impressionnant.

La conduite non plus ne fut pas de tout repos. Outre la météo qui n’a rien arrangé, la principale source de difficulté fût la gestion de l’eau sur la route. Avec la fonte de la neige, elle ruisselait de partout.
Très souvent, la route se transformait en un torrent sur lequel il fallait rouler, perdant ainsi totalement l’adhérence des pneus sur la route sur plusieurs dizaines de mètres.

Sans parler des objets emportés par le vent, qu’il aura fallu éviter.
J’ai vu pas mal de choses en tout genre, dont des panneaux de signalisation couchés sur la chaussée, des dizaines de plaques d’isolation en provenance d’un chantier et des grosses branches d’arbre. Mais le plus impressionnant étaient les piquets à neige s’arrachant sous l’emprise du vent et s’envolant sur la route.

Mais malgré ces quelques petites choses anecdotiques, tout s’est très bien passé durant mon expédition. J’ai même pu admirer de splendides paysages…

Chasse aux aurores

Une accalmie temporaire était annoncée pour la soirée. J’en ai donc profité pour passer plus de trois heures à la recherche d’aurores boréales. Malheureusement, le ciel ne s’est jamais vraiment découvert et je n’ai pu observer qu’une légère « trace » verte au loin durant quelques minutes.

De plus, avec les rafales de vent, difficile d’effectuer des photos de nuit, même avec un trépied.

La tempête va monter d’un cran

Les prévisions météorologiques pour demain ne me laissent pour l’instant pas entrevoir de sortie envisageable.
Avec un niveau 11 sur l’échelle de Beaufort, puis des rafales jusqu’à 140 km/h, je ne vais pas prendre le risque de partir en voiture dans de telles conditions.

D’autant plus qu’il a été annoncé que certaines routes pourraient possiblement être fermées à la circulation si nécessaire. Il ne manquerait plus que je sois bloqué dans un autre coin de l’île durant plusieurs jours…

A moins bien sûr que les prévisions ne soient pas fiables ?
La réponse demain !